La Révolution est un objet littéraire passionnant. Celle qui aboutit à la chute du Chah d'Iran en 1979, va bouleverser l'équilibre du monde et offrir la zone sombre que Nuit persane tente d'explorer. J’ai dû commencer par étudier dans le détail historique les années 1976-1978 qui m’intéressaient. C’est l’ouverture extraordinaire à toutes les éventualités d’une telle période qui m’a passionné : si après coup, les historiens tentent de proposer des explications cohérentes, sur le moment, tout est exceptionnellement possible.
Cette instabilité, les expériences rompant avec ce qui est habituel qui en résultent, m’ont paru pleines de promesses d’un point de vue narratif. Et seul le roman permet, en plongeant le lecteur dans le flot des actions et des passions, de faire éprouver au lecteur l’intensité de l’histoire en marche. En ressuscitant les êtres disparus, et tout un monde perdu.
Nuit persane nous raconte ainsi par quel cheminement inattendu et dramatique le jeune Mathieu, qui découvre au Lycée français de Téhéran un univers d'abord faussement familier, va soulever le voile d'un pays inconnu et fascinant. Derrière toutes ces découvertes, celle de l'injustice politique et sociale, de la guerre secrète, mais aussi de la culture si riche de l’Iran, c'est la rencontre avec Leyli qui s'imposera à lui. Et cette jeune Iranienne, férue de littérature française, va l'emporter très loin, vers l'inconnu et vers l'amour. Mais l'amour peut-il survivre à une Révolution ?
A l’issue de ces années passées à écrire Nuit persane, je constate combien mon style a évolué avec le parcours de Mathieu. Au début c’est un simple éveil au nouveau monde iranien, puis, par l’accélération des événements, la maturation du personnage, la lutte entre l’amour et la Révolution, le récit a pris une ampleur lyrique et fiévreuse, jusqu’à atteindre une fluidité nerveuse, Mathieu se débattant, comme il le peut, contre l’issue fatale. Peut-être devient-on ainsi écrivain auprès de ses personnages…